dimanche 18 décembre 2016

Entre père et fils

Une jeune femme, Marie, retourne au Cameroun, là où elle a passé une partie de son enfance. Nous apprendrons plus loin que son départ vers la France fut précipité, provocant en elle un malaise  si profond qu'elle le conservera jusqu'au dénouement de cette histoire. De retour, donc, dans ce pays d'Afrique, elle retrouve Willie, beaucoup plus âgé qu'elle, qui l'a connue toute petite et avec qui elle entretenait une correspondance durant de longues années après son départ. Mais le retour au pays ne se passe pas du tout comme elle l'espérait. Et il existe une grande différence entre ce que l'on espère et la réalité, car la vie s'est poursuivie durant ces années, chacun de leur côté...


Il s'agit d'une histoire d'amour, avec un grand A ! L'auteure, Séverine Vialon, nous fait découvrir avec talent les us et coutumes camerounais, ainsi que la vie simple de gens qui n'hésitent pourtant pas à ouvrir la porte de leur maison et d'offrir l'hospitalité avec le peu qu'ils possèdent à leurs visiteurs. 

Si comme moi vous n'avez jamais voyagé sur le continent Africain, ce roman vous fera suivre le chemin poussiéreux et tortueux du cœur d'une jeune femme en quête d'un passé perdu, dont le présent lui offrira mille tourments sentimentaux. Roman facile à lire, que j'ai terminé en un après-midi seulement, fait rarissime de ma part qu'il faut souligner, tant l'histoire m'a absorbé tout entier.

Dans ce livre on pleure, on rit, on espère, on se souvient... nostalgie du passé, regrets, mais le présent rappelle à Marie l'héroïne qu'elle doit se laisser aller, et cesser de se compliquer inutilement la vie, pour vivre justement la sienne, et s'extraire enfin du passé et du père qui la retiennent piégée. D'ailleurs le titre prend réellement toute sa signification à mesure que l'on avance dans le récit...

En conclusion, vous passerez un agréable moment au Cameroun, en compagnie de Marie, qui vous fera vivre ses émotions dans un pays aux personnages hauts en couleurs et tellement attachants.

Je ne saurai que trop vous conseiller l'achat de ce livre qui vous comblera délicieusement.

Entre père et fils, de Séverine Vialon

http://www.sevylivres.fr/produit/entre-pere-et-fils-voyage-au-cameroun/

jeudi 15 décembre 2016

« Meurtres à Château-Arnoux » de Gilles Milo-Vacéri. Les Éditions du 38



Résumé :

Un automne sanglant s'abat sur la commune provençale de Château-Arnoux : deux crimes sont perpétrés et onze tableaux ont disparu dans la mairie.
La Section de Recherches, chargée des meurtres et de ce vol troublant, réclame des renforts. Pour éclaircir cette sombre affaire, Paris missionne le commandant de l’OCBC, Enzo Battista, spécialiste des œuvres d'art, et son lieutenant, Marania Le Goff.

L'enquête s'avère plus compliquée qu'il n'y paraît, car d’autres homicides surviennent et des disparitions suspectes brouillent les pistes. Très vite, des ramifications à l'étranger vont entraîner les enquêteurs dans l’opération Venise Pourpre.

Entre révélations qui s’enchaînent et spectres surgis de la Seconde Guerre mondiale, Battista et Le Goff vont avoir fort à faire s'ils veulent en sortir indemnes !





Mon avis :

Marania Le Goff, jeune lieutenant de police pleine d’avenir, doit faire un stage auprès du commandant Enzo Battista, une « légende » de l’OCBC (Office Central de lutte contre le trafic de Biens Culturels). Râleur, têtu, n’en faisant qu’à sa tête mais surtout homme d’honneur et de principes et enquêteur hors-pair, Enzo accompagné de  Marania est envoyé à Château-Arnoux en Provence où deux meurtres viennent d’être commis et onze tableaux volés. Avec l’aide du maréchal des logis Cyrille Vermont de la SR d’Aix-en-Provence (Section de Recherches), ils vont former un trio de choc pour tenter d’élucider une affaire qui va se révéler bien plus complexe que prévu et va même les amener à l’étranger.
Une fois de plus, Gilles Milo-Vacéri m’a complètement embarquée dans cette enquête où la liste des meurtres et des questions sans réponses ne cesse de s’allonger. La tension est telle qu’à certains moments j’en ai oublié de respirer tellement j’étais prise par l’action. Suspense, rebondissements, fausses pistes, enlèvements, disparitions, plongée dans le passé avec des évènements prenant racine dans la Seconde Guerre mondiale… l’auteur joue avec nous et avec nos nerfs. La plume de Gilles avec son humour et sa parfaite connaissance du vocabulaire de l’armée et de la police rendent la lecture encore plus fascinante.
Quant à ses personnages, c’est un vrai coup de foudre : des hommes et des femmes de valeur, courageux, sensibles, dévoués, généreux, pour lesquels l’honneur n’est pas un vain mot, prêts à tout pour défendre ce en quoi ils croient. Les relations sont franches, amicales et pleines de respect. De plus, j’aime cette solidarité qui les unit : ne jamais abandonner personne derrière soi quel que soit le prix à payer.
Par contre, qu’est-ce que j’ai pu avoir envie de secouer Enzo ainsi que son auteur par la même occasion pour toutes ses cachotteries ! Ce que j’ai pu me sentir frustrée face à ses  illuminations que naturellement il gardait jalousement pour lui alors que j’avais beau me triturer la cervelle, moi je ne voyais rien du tout ! Et à la fin, après s’être bien joué de nous, Enzo nous explique tout à la manière d’Hercule Poirot.
Conclusion : un livre que je vous recommande, à découvrir absolument. Addictif, fascinant, une enquête pleine de rebondissements et d’imprévu, des personnages forts et attachants, une écriture superbe… le tout à Château-Arnoux, petit village des Alpes-de-Haute-Provence où nous marchons sur les pas de l’auteur.

« La vieille dame qui avait vécu dans les nuages » de Maggie Leffler — Éditions HarperCollins



Résumé :

Un roman sur le courage de ces femmes oubliées de l’Histoire qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont participé à l’effort de guerre.
 
A 87 ans, Mary Browning sent que le temps est venu pour elle de raconter son histoire et les secrets qu’elle garde enfouis depuis de si longues années. En fait, depuis le jour où un parachutiste est tombé dans le jardin de ses parents, faisant éclore son rêve : devenir aviatrice. Cette passion, Mary l’a vécue intensément, à chaque seconde de sa vie. Mais, en retour, elle a payé le prix fort, allant jusqu’à renier ses origines juives et sa famille pour suivre son destin. 
A qui confier et transmettre le récit de ce qui fut à la fois son feu sacré et sa grande faute ? La réponse arrive en la personne d’une très jeune fille. En elle, Mary croit retrouver les traits de Sarah, sa sœur adorée qu’elle a dû abandonner. Un signe du destin qui marque le début d’une amitié aussi belle qu’improbable, faite de confidences et de récits extraordinaires jusqu’à l’émouvante révélation finale...

Ce roman est inspiré de faits réels — le rôle courageux et désintéressé joué par les femmes pilotes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale, longtemps tenu secret. En 2009, Barack Obama leur a rendu hommage devant le Congrès.




Mon avis :

Un véritable coup de cœur pour ce roman historique qui nous révèle une page gardée longtemps secrète de la Seconde Guerre mondiale.

Mary Browning, 87 ans, est la responsable d’un groupe d’écriture dont les participants sont tous âgés. C’est alors que se présente Elyse, une jeune fille de 15 ans pour participer au groupe.

Peu de temps après, Mary tombe sur un article annonçant que le Congrès allait offrir une médaille aux femmes pilotes ayant appartenu aux Women Airforce Service Pilotes : ces femmes pilotes entraînées par l’armée transportaient l’approvisionnement et livraient des avions aux bases aériennes en remplacement des hommes partis à la guerre. Malgré leur courage et leur dévouement, elles ne sont pas acceptées par certains qui n’hésitent pas à saboter leurs avions et à la fin de la guerre, elles sont renvoyées dans leurs foyers et leur existence demeure secrète. Une photo accompagne cet article et Mary se reconnaît : à l’époque elle s’appelait Miriam Lichtenstein et était juive. Elle décide alors d’écrire ses mémoires et demande à Elyse qui lui rappelle sa sœur Sarah de les dactylographier pour elle.

Une profonde amitié va unir Mary à Elyse et Maggie Leffler nous partage leurs vies. Elyse va tomber amoureuse mais aussi être confrontée à la séparation de ses parents, à la mort. À travers les mémoires de Mary/Miri, nous découvrons la vie d’une jeune fille juive de l’époque, sa passion pour l’aviation mais aussi la discrimination institutionnelle à l’encontre des juifs et des femmes. En 1944 une femme en pantalon pouvait être arrêtée pour racolage si elle n’était pas accompagnée par un homme. Miri nous raconte  également sa vie alors qu’elle ne peut plus voler, son combat pour être libre, l’amour qui va l’unir à son mari, la famille qu’elle a fondée, les raisons qui l’ont poussée à rejeter ses racines juives et qui l’ont conduite à être reniée par sa famille. Quant à la fin, elle est tout simplement magnifique.

J’ai adoré ce livre et ces personnages de femmes fortes et courageuses à une époque qui ne leur faisait pas de cadeau. J’ai partagé leurs combats et leurs révoltes. L’auteur a une écriture fluide et sait nous émouvoir. C’est aussi une chronique douce-amère de la vie avec ses joies mais aussi toutes les souffrances qu’elle génère : mort, cancer, tuberculose, divorce, mésentente familiale, difficultés des rapports mère-fille, problèmes d’adolescence mais le talent de l’auteur est tel que ce n’est pas un livre triste, au contraire. C’est un livre plein d’espoir qui donne envie de se battre. Un livre à découvrir absolument !