Il fut pour moi difficile d'élaborer cet avis, car il est des livres indéfinissables, impalpables. Tant de Silences de Philippe De Riemaecker fait partie de ceux-là. Il se veut un peu roman, un peu poésie, et surtout un cri. Car au travers de ce texte, il s'agit bien du cri du cœur, mais aussi celui de la colère ainsi que beaucoup de compassion pour ses parents en particulier, et l'humanité en général.
Pour résumer grossièrement, nous avons d'un côté un jeune couple d'Iraniens qui décide de rejoindre l'occident afin d'échapper au joug de la révolution islamique. Mais sur leur route il rencontrera le danger, fera également d'autres rencontres, improbables. Parallèlement, nous assistons au déchirement d'une famille, plus précisément les enfants du père décédé, pendant que la mère est au plus mal. Je n'oublie pas non plus le jardinier, dont le rôle prendra peu à peu davantage d'importance au fil de la lecture.
Ce texte sublime, poétique, ne nous confine pas au rang de simple spectateur d'un roman, d'une histoire. Il incite à la réflexion. D'un côté un couple qui fuit la violence totalitaire, de l'autre une famille qui se déchire. Mais il pose également bon nombre de questions sur la vie, la mort, la dignité des personnes âgées en fin de vie. Et ce texte, j'avoue, ne m'a pas laissé indemne, comme il ne vous épargnera pas non plus. Car il oblige à l'introspection de chacun, au fond de lui, à s'interroger sur un tas de sujets que l'on élude souvent d'un revers de manche.
L'auteur se livre tout entier au travers de cette oeuvre, sans artifice, et nous délivre son amour pour l'humanité, dont beaucoup d'entre-nous nous efforçons d'ignorer par peur, avec plus ou moins de bonnes raisons, et nous délivre un grand message de tolérance qui devrait faire écho à chacun, pour rappeler que la vie n'est que transitoire et que tout à une fin.
Mais est-ce voulu ou pas, l'on perçoit également d'autres messages, comme la grande division de l'humanité. Et j'en conclus par moi-même que si dans le microcosme de la cellule familiale il y a tant de divisions, l'on comprend mieux alors les guerres perpétuelles que se livre l'humanité, faisant fi du fait que nous sommes tous faits de chair et de sang... Mais, actualité oblige, les religions et leur interprétation sont passées par là et ont plus que jamais divisé les hommes.
L'auteur soulève également l'épineux problème des personnes âgées "abandonnées" dans les mouroirs des maisons de retraite. Parce-que l'on ne peut, dans certains cas s'en occuper, dans d'autres cela s'avère commode...
Il s'agit d'un très beau livre qui remet les choses à leur place, sans tourner autour du pot, un admirable témoignage d'un auteur écorché vif.
Quelles que soient vos convictions politiques ou philosophiques, qu'elles soient en accord ou non avec celles de l'auteur, ce roman vaut à lui seul le détour pour forcer à l'introspection. Et cela fait un bien fou de se remettre en question de temps en temps, et rien que pour cela, je le remercie !
Merci,
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